Avec ses valeurs fondées sur l’innovation et le progrès social, Renault, à l’image d’un Danone ou d’un Michelin, illustre la qualité et la compétitivité de l’industrie française sur le marché mondial. Depuis la 4CV en passant par la 4L, les « voitures à vivre », la Twingo, les monospaces, Renault n’a eu de cesse d’être un créateur d’automobiles. Une politique appuyée par une forte culture d’entreprise qui relaye en interne cet esprit d’innovation. Renault, une entreprise admirable et respectable.
En avril 2005, Carlos Ghosn arrive à la tête du Groupe et normalise l’entreprise. Une entreprise mise sous pression qui change de culture, de méthodes de travail, de modèle industriel. La politique du Groupe consiste à réduire les coûts et à se développer à l’international. La première alerte fut cette vague de suicides au Centre technique de Guyancourt, et aujourd’hui la suppression de 5 000 emplois. Médiapart titrait : « Et si la star Carlos Ghosn était un mauvais PDG de Renault. » Même le secrétaire d’État à l’emploi s’inquiète et dénonce un Groupe « qui a les moyens et qui détruit de l’emploi ». La communauté médiatique et politique s’inquiète.
D’autant plus que les principales sources de profit sont générées aujourd’hui par des opérations initiées par l’ancien président Louis Schweitzer : la participation dans Nissan, alors au bord de l’asphyxie, et surtout le lancement de la Logan avec le roumain Dacia, un pari lancé contre l’avis de la plupart de ses cadres dirigeants.
Bien sûr, l’industrie automobile mondiale traverse une crise sans précédent, le coût des matières premières s’est envolé, les ventes en Europe ont reculé au mois d’août de 16 %, on évoque la faillite de General Motors. Ce qui évidemment nécessite des décisions, des ajustements parfois déchirants. Mais l’argument n’est pas suffisant, on voit aussi le succès international de la voiture Hybride de Toyota, qui s’est d’abord préoccupé de réfléchir à la voiture de demain.
Et si M. Ghosn, dont on ne niera pas les qualités de gestionnaire, avait confondu les objectifs et les moyens en faisant du "cost killing" une valeur de l’entreprise ? La réduction des coûts n’a de sens et d’efficacité que dans la mesure où elle est au service d’une idée, d’une vision du monde à travers un métier. Quelle est aujourd’hui la vision de Renault. Comment s’inscrit-elle dans le nouveau contexte international, la crise énergétique, la protection de l’environnement, la montée des pays émergeants, la baisse du pouvoir d’achat en Occident, les exigences en termes de beauté, de qualité et de bien-être, etc. Où sont les nouveaux modèles de véhicules. Quel est le modèle de management.
Et si les difficultés rencontrées aujourd’hui par l’entreprise Renault n’étaient que le résultat d’un manque de respect du président envers la marque Renault et ses valeurs fondamentales, l’esprit d’innovation et le progrès social. « On ne joue pas avec les marques. »
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